L’océan joue un rôle très important dans le système climatique. Il est à la fois le « poumon de la planète » en produisant 50% de nos besoins en oxygène, et un « puits de carbone » en absorbant 25% de nos émissions de CO2. Il stocke également 90% de la chaleur résultant du réchauffement anthropique ce qui en fait un tampon face aux effets du changement climatique. Cependant, l’absorption de chaleur et de CO2 par l’océan n’est pas sans conséquences, elle est la cause de son réchauffement et de son acidification.
Le niveau de la mer a déjà fortement évolué au cours des différents climats du passé. Lors de la dernière glaciation (-23 000 à -19 000 ans), le niveau de la mer était environ 130 m plus bas. Pour atteindre le niveau actuel, il a d’abord évolué d’environ un mètre par siècle, avant de ralentir et de n’augmenter plus que de 5 cm par siècle au cours des derniers millénaires.
Or depuis 1900, une hausse de 23 cm a déjà été enregistrée ! Et le phénomène s’accélère depuis les années 1990. De 1900 à 1990, le niveau des mers s’est élevé de 1,4 mm par an, puis de 3,4 mm par an entre 1993 et 2022 dont plus précisément une hausse de 4,2 mm par an entre 2007 et 2022.
Cette élévation n’est pas uniforme sur la planète, elle varie entre les régions. Dans certaines zones, le niveau des mers augmente jusqu’à trois fois plus vite que la moyenne planétaire et d’autres ne connaissent que peu d’élévation. Les variations minimales et maximales estimées s’étendent de -10 mm par an jusqu’à 10 mm par an ! De telles différences peuvent s’expliquer par la présence de grands courants océaniques ainsi que par l’effet des marées, la nature géologique du terrain, etc.
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L’influence des activités humaines sur l’élévation du niveau des mers est importante. Elles ont un impact sur les deux mécanismes principaux qui en sont responsables. Ces deux mécanismes sont liés au réchauffement planétaire et ont l’un et l’autre une implication équivalente dans la montée des eaux :
En suivant un scénario à faibles émissions de gaz à effet de serre, cette hausse pourrait se limiter à 43 cm en moyenne en 2100, contre 110 cm si aucune réduction des émissions n’est engagée. Il est probable que la hausse du niveau de la mer atteigne plusieurs mètres à long terme (sur un millénaire), et ce durablement car le système climatique a une forte inertie.
Les conséquences de l’élévation du niveau de la mer sont multiples. De manière générale, le trait de côte va reculer vers l’intérieur des terres, et ce très significativement au niveau des grandes plages sableuses (en Aquitaine, ce sont en moyenne 1 à 3 m de côte qui sont perdus chaque année).
De nombreuses îles sont également menacées dans l’océan Pacifique et l’océan Indien. Elles sont déjà concernées par les risques d’érosion et sont maintenant menacées de submersion. Avec une hausse du niveau des mers de plus d’un mètre, ces îles disparaîtraient presque complètement, ce qui impacterait fortement les écosystèmes côtiers (avec par exemple la perte des mangroves).
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Des terres agricoles seraient perdues, notamment dans les deltas des rivières et des fleuves (Gange, Mékong, etc.) et les nappes phréatiques des zones côtières pourraient être infiltrées par l’eau de mer et n’être plus consommables.
Finalement, une élévation du niveau des mers d’un mètre impacterait directement un dixième de la population mondiale, soit environ 600 à 700 millions de personnes. Actuellement, 27% de la population vit dans les régions côtières et c’est dans ces régions que l’on retrouve plus de la moitié des mégalopoles mondiales (Tokyo, Mumbai, New York, Buenos Aires, etc.). Les zones riches pourraient essayer de protéger les populations avec des barrages, quand les populations des zones les plus pauvres seraient probablement contraintes d’abandonner des territoires.
Comme les continents, les mers et les océans font face à des « canicules océaniques ». C’est un épisode de température anormalement élevée qui met en danger les écosystèmes marins. Certaines conditions y sont favorables : une température atmosphérique très élevée, pas de vent et de nuages, et des rayons du soleil qui viennent chauffer très vite la surface de l’eau. Les espèces les plus touchées sont celles qui ne peuvent se déplacer, comme les herbiers de posidonie et les coraux. Les populations animales se déplacent vers le nord pour fuir la chaleur.
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En stockant du CO2, l’eau des océans s’acidifie. Les espèces dont la coquille ou le squelette est en carbonate de calcium (minéral sensible à l’acidité) sont menacées par ce phénomène (par exemple les coraux et les mollusques).
La modification des écosystèmes marins en termes de répartition et d’abondance des espèces aura un impact sur la pêche. De plus, une baisse de la quantité de poissons est attendue dans les prochaines décennies.
Il y a d’autres effets en cascade qui sont liés à la fonte des glaces. Par exemple, le pergélisol (sol constamment gelé) contient de grandes quantités de CO2. S’il dégèle, cela risque d’entraîner de nouvelles émissions de gaz à effet de serre!
La fonte des glaces peut également avoir des effets sur les ressources en eau douce, les courants marins, et la capacité de l’océan à être un puits de carbone.
Pour préserver la cryosphère et les océans, limiter l’élévation du niveau des mers et protéger la biodiversité et les populations, l’impact des activités humaines doit être fortement et rapidement réduit. Les émissions de gaz à effet de serre sont en première ligne : leur réduction permettrait de limiter le réchauffement des mers et océans et la fonte des glaces (et donc l’élévation du niveau de la mer) ainsi que de freiner le mécanisme d’acidification.
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Sources :